Chapitre 24 : Le retour
de Yolande l'allumeuse
Une semaine plus tard, après l’anniversaire de Genzô,
Sakura n’avait pas réussi à trouver le moment
propice pour parler en privé avec lui, mais ce qu’elle
voulait lui dire commençait à peser sur son cœur
et sa conscience. Elle risquait à tout moment de craquer
et de rompre la promesse qu’elle avait faite à Genzô.
Ce dernier avait beaucoup du mal à se soustraire de Fred
et d’Hermann qui passaient leur temps à l’agacer.
Karl-Heinz commença à sombrer dans son mutisme.
Un matin alors que toute l’équipe n’était
pas encore arrivée, Sakura, qui était partie avant
Genzô de la maison des Mayuko, remarqua que quelque chose
n’allait pas chez Karl-Heinz, le premier arrivé.
Elle alla le voir en amie.
Sakura : Karl-Heinz ?
Karl-Heinz : C’est la première
fois que tu m’appelles par mon prénom.
Sakura : Désolée.
Karl-Heinz : Non, ça me fait vraiment
plaisir. En tant qu’ami, n’est ce pas mieux ?
Sakura : Sans doute. Bon, tu me dis ce qui
ne va pas ?
Karl-Heinz : Je ne pense pas te dire vraiment,
Kinomoto-san…
Sakura irritée : Oh arrête
de dire à tout bout champs « Kinomoto-san »
! Appelle-moi uniquement par mon nom et cesse d’ajouter
ce stupide suffixe ! Maintenant ça fait 2 ans qu’on
se connaît. Et tu vas me dire ce qui ne va pas sinon j’irai
illico chez toi pour savoir !
Karl-Heinz soupira : En fait c’est
mon père... Il me manque.
Sakura : Tu le vois ?
Karl-Heinz : Oui, mais ça ne suffit
pas. Maman me dit toujours qu’elle n’a jamais le temps
de venir voir mes matchs et de surcroît, elle sort avec
son patron pour manger le midi ou le soir. Mes parents vivent
séparément, mais moi je voudrais tant qu’ils
se reparlent… La seule personne avec qui je parle le soir
est ma petite sœur, Marie.
Sakura : Karl-Heinz, tout s’arrangera
un jour. Il ne faut pas désespérer ! Tu as encore
de la chance de les voir l’un et l’autre même
séparés… Karl-Heinz, je vais te dire un secret
que seuls Wakabayashi et les Mayuko connaissent… Mes parents
ont disparu mystérieusement alors que je n’avais
que 8 ans. Tu imagines un peu que j’ai dû sacrifier
ma jeunesse et mon enfance pour être une enfant plus mûre
par rapport à mon âge ?
Karl-Heinz n’en revenait pas : Il ne pouvait même
pas imaginer que Sakura ai beaucoup plus souffert que lui. Maintenant
il réalisa le grand fossé entre eux et surtout il
comprit pourquoi Sakura avait voulu se suicider. Il décida
d’en avoir le cœur net…
Karl-Heinz : Est-ce que… ?
Sakura : Qu’est ce qui te tracasse,
Karl-Heinz ?
Karl-Heinz : Je ne sais si tu es d’accord
pour me dire la vérité…
Sakura réticente : À propos
de quoi ?
Karl-Heinz : Tu n’es pas obligée
si tu ne veux pas que je sache… Est ce que c’est pour
cette raison que tu voulais te suicider ?
Un long silence plana entre Karl-Heinz et Sakura. Le capitaine
allemand de Hambourg retint son souffle et attendit si Sakura
voulait bien éclaircir un peu le mystère…
Sakura méfiante : Pourquoi veux-tu
le savoir ? As-tu une bonne raison ?
Karl-Heinz : Le jour de ta tentative de
suicide, je me suis posé la question pourquoi tu avais
fait ça. Je me doutais que Wakabayashi connaissait la vraie
raison, mais jamais il ne me l’a dit. Jamais il ne t’a
trahi une seule fois. Un mois après ta sortie d’hôpital,
tu étais partie sans rien nous dire. Seul Wakabayashi le
savait, n’est ce pas ? Et encore, jamais il n’a trahi
la confiance que tu ne sembles pas beaucoup lui accorder. Depuis
que tu es revenue, tout a changé. Tu es devenue plus glaciale
qu’avant. Il doit bien avoir une raison valable pour que
tu sois ainsi.
Sakura comprit que Karl-Heinz avait observé toutes les
situations avec attention. Elle ne pouvait plus reculer devant
la détermination du jeune blond. Elle savait que Genzô
ne l’avait jamais trahi et qu’elle ne lui accordait
pas assez sa confiance. Sakura soupira puis elle prit la main
de Karl-Heinz pour aller s’asseoir sur un banc. Sakura lâcha
sa main pour qu’il ne se rende pas compte qu’elle
tremblait. Elle baissa sa casquette pour cacher ses yeux verts.
Sakura : Comme je te disais, j’avais
8 ans quand mes parents ont disparu en laissant un bébé…
Ce bébé était mon petit frère Dan
que tout le monde croyait être mon fils. Je l’ai élevé
moi-même. L’année dernière… Dan
avait 5 ans quand il avait trouvé la mort, accident causé
par Anna Mayuko, la fille de notre coach. Cela m’avait complètement
anéanti, car Dan était ma raison de vivre. Je l’aimais
comme si c’était mon fils. A la mort de Dan et après
la condamnation d’Anna pour 25 ans de prison, je ne voulais
voir personne ni manger. Ce n’était que 2 semaines
après cette audience, que j’ai tenté de me
suicider. Tu comprends maintenant pourquoi Wakabayashi ne voulait
en aucun cas en parler ? J’étais partie en novembre
dernier pour essayer de cicatriser cette horrible douleur, cette
sensation d’être très seule au monde. Ma douleur
s’était atténuée, mais elle reste toujours
présente. Karl-Heinz, Wakabayashi avait aussi appris par
moi directement, que j’avais de nouveau tenté de
me suicider en décembre dernier. Ne m’en veux pas,
Karl-Heinz. J’avais gardé contact avec Wakabayashi
malgré mon manque de confiance. Tu sais, j’ai pu
retrouver qu’une petite confiance envers le monde…
Cette personne qui me redonna cette petite et mince lueur d’espoir,
c’est lui.. Maintenant ne me demande plus rien sur mon passé,
car je ne pourrais jamais te les dire. S’il te plait.
Karl-Heinz : Je n’arrive pas à
croire que tu aies vécu tant de malheur… Pourquoi
cette allumeuse avait-elle fait ça ?
Sakura cynique : Pour se venger de moi à
cause de Wakabayashi. Ce n’est pourtant pas de ma faute
si Wakabayashi me préfère à elle. Elle l’aguichait
tout le temps et Wakabayashi n’en avait rien à faire.
Elle prétend aimer Wakabayashi…
Karl-Heinz : Je connaissais Anna Mayuko
avant Wakabayashi et je savais qu’elle était une
allumeuse. Au lieu de t’affronter, elle s’en est prise
à ton frère.
Sakura : Exact.
Karl-Heinz : Je comprends tout maintenant.
J’ai peut être d’autres questions à te
poser, mais je ne le ferai pas. Tu ne sembles pas vouloir tout
raconter à qui ce soit sauf à Wakabayashi, n’est
ce pas ?
Sakura : Oui.
Karl-Heinz : Kinomoto, si un jour Wakabayashi
te rend trop malheureuse, fais-moi savoir.
Sakura : C’est gentil, Karl-Heinz
mais je ne sors pas du tout avec Wakabayashi…
Karl-Heinz : A d’autres !
Sakura ne répondit pas. Genzô arriva à son
tour sur le terrain…
Genzô : Tu étais là ?
Sakura : Oui pourquoi ?
Genzô : Je te cherchais parce que quelqu’un voulait
te voir…
Sakura : Qu’est ce que cette histoire ? Je n’attends
personne !
Genzô : Je crois que tu la connais déjà…
Elle parle anglais et je n’ai pas tout compris…
Sakura : Bon d’accord.
Genzô : D’ailleurs la voilà…
Sakura regarda la direction que Genzô lui montrait pour
voir une jeune fille. Plissant ses yeux, Sakura reconnut tout
de suite la visiteuse et bondit sur ses pieds, heurtant violemment
Genzô sans le faire exprès. Genzô rattrapa
Sakura à temps. Karl-Heinz regardait dans la même
direction que Sakura et il avait l’impression d’avoir
déjà vu cette personne. Sakura se dégagea
des bras de Genzô et se campa devant les garçons
tout en jetant un regard meurtrier à l’inconnue.
Cette dernière avait beaucoup du mal à reconnaître
Sakura qui avait complètement changé de vêtements.
L’inconnue ne l’avait jamais vu avec une casquette.
Voix : Sakura ?
Sakura agressive : Qu’est ce que tu
fiches ici, Yolande ?! Il me semblerait que je t’avais ordonné
de ne plus jamais revenir !
Yolande mielleuse : Je ne peux pas. J’ai
besoin de ton aide !
Sakura courroucée : Alors là,
ne compte pas là dessus ! J’ai suffisamment de soucis
comme ça ! Je te signale que je ne t’aiderai pas
à traduire de l’allemand à l’anglais
! Je n’ai pas que ça à faire !
Yolande pincée : Très bien,
Sakura ! Sache uniquement que je vais vivre chez les Mayuko !
Sakura : QUOI ?!
Genzô : Kinomoto ?
Sakura : C’est Yolande. Elle me dit
qu’elle va vivre chez les Mayuko !
Karl-Heinz et Genzô: QUOI
?!
Sakura : Je ne lui traduirai pas une seule
parole de l’allemand à l’anglais. Je ne suis
pas sa chienne !
Les deux garçons étaient d’accord avec Sakura.
Avec le retour de Yolande, la vie de Sakura allait de nouveau
se compliquer de plus en plus car la fleur de cerisier ne pourrait
même pas se confier à Genzô. Yolande regardait
le SGGK et le Kaiser avec les yeux d’une vraie allumeuse.
Les deux garçons n’en avaient cure.
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