VII : Tu confrontes
- Sanae ! -
Tsubasa se réveilla dans un bain de sueurs. Dans ses yeux de nouveau l'image de Sanae, blessée qui s'éloignait dans l'obscurité sans qu'il réussisse à l'arrêter. Ce rêve continuait à le tourmenter et chaque fois il se réveillait avec un sentiment d'angoisse qu'il ne parvenait pas à chasser. Il passa une main sur son visage fatigué. L'horloge sur le chevet marquait 6.10. Il valait mieux faire une petite course avant.
Il ouvrit la grille d'entrée, la balle au pied.
- Finalement ! Je commençais à fatiguer d'attendre ! -
Tsubasa se retourna étonné en direction de la voix qui l'avait apostrophé. Assise sur le mur qui entourait le dortoir était Amaya, en pleine forme malgré l'horaire. L'esprit de Tsubasa s'affola en un million de questions. Comment faisait-elle pour savoir qu'il faisait son jogging maintenant ? Pourquoi l'attendait-elle? Et surtout comment avait-elle fait pour grimper là-dessus ? !
Avec l'agilité d'un chat Amaya sauta en bas du mureen atterrissant légère et sûre à côté d'un Tsubasa toujours plus étonné.
- Mais que...
- Tu te bouges ? Je n'ai pas pas toute la journée !
Et sur ces mots Amaya commenca à courir dans la direction que Tsubasa prenait chaque matin. Après un moment d'hésitation, le nouvel arrivant à Sao Paulo se mit à courir. Avec stupeur Tsubasa s'aperçut qu'il devait accélérer son allure habituelle car cette fille... était vraiment rapide.
Ils couraient en silence lorsque Amaya décida qu'il était temps d'éclaircir la situation. Elle s'arrêta décidée.
- Qu'est-ce qui te prend ? Tu es fatiguée ?
La fille souria à son intention.
- Changeons de route.
- Quoi ? !
Amaya entra dans une ruelle latérale. Sur un carton souillmé et à moitié rayé onpouvait encore voir "Champ Sportif". Après quelques minutes les deux adolescents arrivèrent à l'entrée d'un petit champ de football entouré de barrières de fer.
- C'est encore fermé... tu vois ? Nous ne pouvons pas entrer.
-Ca dépend des points de vue.
Tsubasa regarda perplexe la fille qui se dirigeait vers un angle. Avec une main elle souleva le réseau métallique qui avait été coupé. Avec un sourire satisfait Amaya se tourna vers Tsubasa.
- Tu viens ? Nous entrons.
Il n'avait jamais enfreint un règlement. Il avait toujours été un élève modèle et pas seulement sur le champ de football. Cependant c'était-il curieux... qu'est-ce que lui voulait cette fille ? Pourquoi l'avait-elle ammenédans un champ de football vide?
Aahh je elle m'embête.
Ils s'assirent finalement côte à côte dans les tribunes vides. Tsubasa regardait fixement le champ vert qui commencer à scintiller sous les premiers rayons de soleil, Amaya par contre ne réussissait pas à détacher ses yeux du visage absorbé du garçon. À quoi pensait-il quand il fixait un terrain de football, à un ballon, à un adversaire ? C'était comme s'il excluait le monde de sa vie. Elle se sentait inutile, dehors posé... peut-être même Sanae...
- Parle-moi de Sanae.
Tsubasa sentit son coeur raterun coup au seul son de ce nom. Il regarda de nouveau les yeux sombres d'Amaya et comprit tout à coup qu'il ne la connaissait pas tout à fait. Pourquoi cette demande ? Pourquoi ? Pourquoi lui demander de lui parler de Sanae ? Elle semblait pourtant s'énerver en prononçant ce nom.
- Sanae.
Ce ne fut plus qu'un chuchotement, mais Amaya comprit qu'il était seulement en train d'entamer une histoire. Une histoire qui n'aurait pas voulu raconter, mais dont il avait un besoin désespéré. Ce nom, l'image qui s'était créée dans son esprit la tourmentait. Lorsqu' elle avait commencé à la voir dans le miroir ce matin, elle avait cru qu'elle ne pouvait plus aller en avant. Elle devait savoir, la connaître, lier ce nom à quelque chose réel, de concret. Quelque chose qui lui permettait de la distinguer d'elle.
- Nous nous sommes connus enfants. J' étais arrivé depuis peu à Fujisawa et elle...
- Elle était très belle, douce et gentille, elle t'as fait te sentir à ton aise - interrompit séchement Amaya.
- À première vue ? - Tsubasa éclata de rire - bah je ne sais pas peut-être...
Le garçon fit une pause pendant que dans ses yeux se dessinait la silhouette d'une fillette aux cheveux sombres.
-... elle était terrible, tout ce qu'une enfant japonaise ne devrait pas être. Effrontée, impulsive, toujours vêtue comme un garçon... et pendant les parties de foot elle ne faisait que hurler!Elle l'aimait le football, autant que nous et elle était ainsi pleine de passion et d'enthousiasme ...
- Pourquoi en parles-tu au passé ?
- Au passé ? - Tsubasa fut prit au dépourvu. Déjà pourquoi en parlé-il au passé ? Il repensa aux années des élémentaires, au passage aux supérieures.
- Et bien en croissant elle a beaucoup changer et elle n'était plus seulement une supporter qui hurlait un slogan pendant nos parties. Elle est devenue manager de l'équipe. La meilleure que l'on pouvait avoir, pour elle l'équipe venait avant tout. Elle savait toujours ce qu'iol fallait dire, que faire pour résoudre une situation de tension. Et si je ne l'avait pas eue, toujours à mes côtés, je ne serais jamais arrivé à gagner trois fois de suite le championnat national. Lorsque je la regardais, dans le public ou sur les bancs, je voyais une telle confiance, un calme... je me sentais capable de pouvoir rejoindre n'importe quel but, de pouvoir dépasser n'importe quelle entrave.
- Comme une sainte.
Tsubasa regarda avec désappointement la fille qui s'était levée pour lui faire face.
- Je suis contente que tu m'aies parlé d'elle - continua Amaya finalement sereine - maintenant je suis certaine que moi et Sanae nous sommes deux personnes complètement différentes.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Amaya regarda dans les yeux le garçon.
- C'est simple ! Sanae a dédié tout son temps à réaliser le rêve de quelqu'un d'autre, le tien plus précisément. Elle est toujours restée dans ton ombre, même lorsque tu as décidé de partir pour le Brésil et elle n'a pas dit un mot pour t'arrêter... au contraire peut-être même qu'elle t'y a encourager alors qu'elle se sentait mourir.
Tsubasa sentit les mots d'Amaya le frapper avec violence à l'estomac. Il n'y avait jamais pensé, même pas un instant au fait que Sanae avait sacrifié ses désirs pour lui. Il était trop occupé à réaliser le sien de rêve pour s'apercevoir de ce qui arrivait autour. Il repensa au jour du départ, à ces coups de téléphone sans réponses.
Amaya sourit,satisfaite en interprétant le silence du garçon comme une confirmation de ses hypothèses.
- Et bien je suis très différente, j'ai mon rêve à réaliser et je nele met pas à l'écart même pour l 'amour d'une personne.
- Tiens... je rêve ?
- Sûrement !
Amaya regarda le garçon assis en face d'elle. Elle le regarda dans les yeux, ces yeux intenses, profonds et décidés qui pouvaient avoir confiance.
- Quand je serai plus grande, la plus grande entraîneuse de football que le Brésil ait jamais connu.
- Entraîneuse... de football ? !
Tsubasa ne trouvait plus ses mots. Lorsqu'elle lui avait parler de rêve il avait pensé qu'elle voulait une famille ou peut-être devenir une idole ou quelque chose de semblable, mais cela !
- Exact. Et épargne moi le visage bouleversé parce que je l'ai déjà vu un million de fois. Tu ne me connais pas encore, mais sais que j'obtiens toujours ce que je veux et je ne me fais pas décourager!
Les yeux de la fille brillaient comme des charbons ardents. Tsubasa retrouva dans ces yeux le même feu qui avait allumé les sienset il en fut presque effrayé.
- De toute façon tu ne m'as pas encore dit la chose la plus importante...
- C'est quoi ?
- En somme... est-ce que vous êtes fiancés toi et Sanae ?
Tsubasa rougit. Pourquoi cette fille posait des questions comme celles-ci ?
- Ben, en fait nous n'avons jamais été vraiment fiancés...
Amaya ouvrit les yeux en grand avant d'éclater de rire.
- Attends, ne me dis rien Laisse moi deviner... tu la connais depuis l'elémentaire, tu es été tomber amoureux, elle semblait te le rendre...et tu ne t'es jamais déclaré ? ! Mais c'est sans espoir !
- On n'a parfois pas besoin de dire les choses... on le sait et ça suffit !
- Mensonge !
- Quoi ?
- L'amour est une joie, une bénédiction et lorsqu'il t'arrive de le trouver... tu dois le crier, le déclarer au monde entier et ne pas le cacher ! Si tu le caches, tu te tais... voilà c'est comme couvrir une bougie avec un verre, elle continue un peu à brûler mais ensuite elle s'éteint lentement, suffoque. L'amour il doit être cultivé, nourri, on ne peut pas pas du tout s'attendre à ce que les choses se passent toutes seules ! On doit lui prendre en main, la vie et l'attraper seul sinon tu gâches ton coeur.
Tsubasa était stupéfaie. Une gamine qui le connaissait à peine lui claquait en visage tous ses erreurs, ses eternelles hésitations et lui parlait de rêves et d'amour avec d'un tel transport et d'une telle passion qu'il se sentait renversé.
- Mais qui es-tu toi ? !
La fille le regarda avec un grand sourire.
- Seulement Amaya.
Tsubasa sourit, souries comme il l'avait pas fait depuis longtemps.
- Tu dis toujours ce que tu penses, pas vrai? Mais ce n'est pas aussi facile pour tout le monde...
- Je suis seulement mon instinct. Et à propos...
Amaya le fixa pendant un long moment avant de se plier sur lui de lui effleurer le lèvres en un baiser.
Tsubasa sentit son visage brûler pendant qu'une chaleur nouvelle se répandait dans son corps, vraiment comme pendant leur première rencontre dans le vestiaire. Amaya fut la première à reprendre ses esprits, et elle avait dans les yeux un sourire sûr.
- À ce qu'il me semble je ne te laissa pas entièrement indifférent...
À ces mots Tsubasa reprit d'un coup contrôle de son corps.
- Mais qu'est-ce qu'il te prend, tu es devenue folle ? !
- Comme tu es tragique ! J'ai seulement fait ce que je ressentais, nous en avons parlé il y à deux minutes non ?
Tsubasa ne réussissait pas à réagir, comme si tous ses mots, tout son potentiel avaient disparus. Il n'était même plus en mesure de penser. Il avait toujours cru, avait toujours été certain que son premier, il l'aurait donné à Sanae. Il n'avait jamais trouvé l'occasion ou peut-être elle n'avait jamais su la cueillir dans toutes les fois où ils étaient restés seuls. Et maintenant il était trop tard. Pourtant n'y avait pas seulement de rage, le regret aussi se ressentait... il ne réussissait pas à ralentir les battements de son coeur pourquoi ?
- Je sais ce que je ressens envers Sanae... ou du moins je crois maintenant. Mais je ne tomberai pas amoureux de toi et ferai tout mon possible pour t'enlever de ma tête.
Pendant qu'il parlait ainsi ouvertement de ses sentiments Amaya s'était de nouveau approchée dangereusement de Tsubasa qui maintenant avait perdu toutes ses précautions.
- Préparé.
Et avec un rire elle s'éloigna dans le matin maintenant bien avancé.
ParisSailorGenzo@aol.com
|
