Le premier amour de Genzô

Chapitre 36 : résignation

Nadia crut comprendre que Genzô et Amanda étaient ensemble, elle n'eut pas idée de penser que se puisse être encore un coup d'Amanda !!! Elle sortit de table normalement comme si de rien était, elle salua Genzô de la même façon qu'elle le faisait avec les Ingelhart. Cet acte le vexa, il n'acceptait pas qu'elle soit aussi distante et si froide depuis le retour des Ingelhart, après tout il ne lui avait rien fait de mal. De plus, il se demandait toujours pourquoi elle ne voulait pas qu'il lui fasse part de ses sentiments, plus simplement de quoi avait-elle peur ?!!!

Nadia tenta de se faire à l'idée de Genzô et Amanda, d'oublier ce garçon, ouvrir son coeur à d'autre, comme Romain qui l'aimait, pourquoi pas !!! Elle partit dans sa chambre.

Genzô était très mécontent de l'attitude d'Amanda, il ne savait pas comment réagir, il n'avait pas pu la repousser devant tous le monde. Mais surtout il était très déçu que Nadia ne semble pas jalouse encore une fois. D'habitude elle l'aurait fusillé du regard, elle lui aurait demandé des explications ou fait la tête mais là... rien, aucun sentiment, comme s'il était une personne parmi d'autres. Il commençait même à douter qu'elle l'aime après l'entrevue avec Romain, pourtant un « je t'aime » ça ne se dit qu'une fois dans sa vie.

Après le dîner, Genzô s'adressa à Amanda pour lui faire part de son mécontentement :

- Ingelhart-san, ne t'avises plus jamais d'avoir ce genre de comportement !!!
- Quoi donc mon Waka ?

Nadia qui allait dans la salle de bain, entendit la conversation et fut rassurée ! D'ailleurs, Genzô sortit à ce moment là. Ils sursautèrent lorsqu'ils furent l'un en face de l'autre. Genzô la regardait, il voulait savoir si dans ses yeux se trouvait ne serait-ce qu'une pointe de jalousie, mais elle était sereine. Elle resta immobile quelques secondes puis continua sa route comme s'ils ne s'étaient pas rencontrés.

Genzô bouillonnait dans tout son corps, son coeur était triste, la réaction de Nadia, il l'avait vécu comme une humiliation, pourquoi ? Elle semblait se moquer de lui, non pas vraiment, elle l'ignorait, il se demandait s'il l'intéressait encore. Il était prêt à lui donner son coeur et voilà qu'elle ne le voulait plus. Il s'imagina même que le séduire fut un défi pour elle. Il ne pouvait se douter des véritables raisons...

L'amour qu'éprouvait la jeune fille était loin d'avoir diminué, elle l'aimait toujours aussi fort mais elle voulait se protéger. Se protéger du fait qu'il ne l'aime pas. Se protéger du fait que d'ici un mois elle parte. Il fallait qu'elle l'oublie, qu'elle se fixe sur quelqu'un, quelque chose pour lui occuper l'esprit. Mais elle n'y arrivait pas, elle fuyait son regard, elle évitait tout contact physique avec lui, toute gentillesse, toute tendresse elle se l'interdisait ne se doutant pas qu'elle puisse le blesser.

Nadia continuait ainsi depuis deux semaines et Genzô continuait à se sentir trahi, il était triste, il l'imaginait partir sans le lui avoir avoué, chose qu'il ne voulait accepter.

Romain partait ce jour là, il décida donc de saluer les Ingelhart, Wakabayashi et Nadia qu'il espérait revoir - et pourquoi pas la séduire une fois à Paris. Jan le salua et lui souhaita bonne chance, tout comme Amanda. On était dimanche, il alla donc dans le parc, rejoindre Nadia qui se promenait. Genzô se trouvait non loin de là et ne savait pas comment réagir.

- Voilà, je pars !!! Je ne serais rester qu'un an !!!
- Comme moi finalement !!! ajouta Nadia.

Ils se mirent à rire, leur complicité du début venait d'être retrouvée, Romain souriait, après tout c'était peut-être de bonne augure pour la suite.

Puis, il salua Genzô :

- Eh, Wakabayashi, comme tu le sais, je pars aujourd'hui pour Paris !!!
- Bonne Chance !!! J'espère que tu réussiras vite à devenir titulaire !!!

Romain s'éloigna de Genzô qui le regardait. Il prenait le chemin que la jeune fille prendrait d'ici deux semaines cet instant qu'il redoutait arrivait bientôt. Il sentait son coeur exploser à l'idée que Nadia soit à la place de Romain, il avait à nouveau ce sentiment de devoir s'éloigner, de se protéger...

Un soir, Genzô alla chercher Nadia au restaurant :

- Nadia, tu as reçu une lettre de Imagine « R », de la RATP !!
- Oh, oui c'est pour mon abonnement annuel qui commence en septembre !!!!
- Oh ?

Il l'écoutait attentivement, il y avait eu tellement de nostalgie dans sa voix lorsqu'elle avait dit « avant » comme si des milliers de lointains souvenirs remontaient en elle. Il était envieux, il aurait tellement voulu partager ces souvenirs avec elle.

Ils rentrèrent, elle était toujours aussi distante avec lui mais il s'y était habitué même s'il ne s'était pas fait à l'idée !!!

Il alla dans la chambre de la jeune fille pour lui dire bonsoir :

-  Alors, tu ne dors toujours pas ?
-  Non, je regardais des photos !!!

Elle lui expliqua qui était chaque personne, elle lui disait quand et où avait été prise la photo, elle lui donnait des anecdotes sur les personnes. Elle lui montra des photos de classe, ils rigolèrent, elle lui parla de chaque personne !!!! Avec les détails et même sur des absents. Elle lui parlait de Paris, de ce qu'elle aimait. Elle était si belle, il ne voyait plus que son sourire, jamais elle ne semblait aussi épanouie que lorsqu'elle parlait de Paris. Il aurait voulu partir immédiatement à Paris avec elle.

- Eh, bien tu aimes vraiment cette ville !!!
- Oui !

Ils se regardèrent mais le regard de la Parisienne était fuyant.

Genzô repartit dans sa chambre, réfléchissant. Elle aime vraiment cette ville et elle sera épanouie là-bas, plus qu'ici. Je sais ce qui te fera changer d'avis. Je sais que si je t'avoue que je t'aime et te demande de ne pas partir, tu resteras à Hambourg pour moi ! Mais y seras-tu heureuse ? Ai-je le droit de penser qu'à moi et t'ouvrir mon coeur alors que cela pourrait faire que tu te sacrifies ? Est-ce aimer sachant les conséquences d'une déclaration ? Envoles toi, pour le pays, la ville de ton coeur... Je me résigne à te l'avouer, mais comment m'imaginer qu'un jour tu donnes tes si doux baisers à un autre ! Aimes moi ! Mais pars sans moi, pour toi !!! A jamais, tu seras dans mon coeur, alors tu peux t'en aller sans crainte, je me résigne à te garder.... Ton bonheur est trop important !